dimanche 2 mars 2014

Histoire d'un allemand de l'est

Maxim Leo, Histoire d'un allemand de l'Est, éds Actes Sud (coll° Babel)

Mon coup de coeur :
Je consacre cette page à un de mes coups de coeur de l'année 2010 sorti récemment en poche dans la collection Babel des éds Actes Sud.
Voici un récit comme je les aime : lorsque le destin d'une famille se confond avec celui d'une nation. Ici la famille en question c'est celle de Maxim Leo journaliste allemand dont les aïeux ont contribué à la naissance puis au fonctionnement de la RDA. " Je crois que , pour mes deux grands -pères , la RDA était une sorte de pays de rêve où ils ont pu oublier tout ce qui les avait accablés jusque -là . C'était un nouveau départ , une chance de recommencer depuis le début "... La RDA était une sorte de pays de rêve où ils ont pu oublier ce qui les avait accablés jusque-là .Nouvelle foi contre ancienne souffrance : tel était le pacte fondateur de la RDA. Ils n’ont jamais pu voir le grand mensonge qu’était ce grand rêve-parce que leurs propres mensonges existentiels auraient été alors révélés ".


Le récit commence par l'évocation de la maladie d'un de ses grands-pères qui perd progressivement l'usage de la parole. Afin de mieux connaître et comprendre ce dernier et l'ensemble de sa famille -qui a activement contribué à la création de la RDA et à son "bon fonctionnement"-, Maxime Léo décide de consacrer un récit à ses aïeux.
L'auteur a vécu 20 ans dans un pays qui n'existe plus mais qui lui a permis de forger sa personnalité, ses rêves et qui continue de l'influencer voire de le hanter. Maxim Leo a grandi dans une famille "modèle", une cellule idéale pour comprendre pourquoi et comment la RDA a pu voir le jour mais aussi pour illustrer quelles étaient les aspirations mais aussi les contradictions de ces allemands partagés entre utopie, patriotisme et envie d'ailleurs. En effet, entre un grand-père maternel -Gerhard- d'origine juive, exilé en France durant une partie de sa vie, ancien résistant, communiste militant, volontaire et utopique; un grand-père paternel -Werner- opportuniste ayant frayé avec le nazisme, ancien pilote de la Wehrmacht ayant finalement  trouver une place dans l'organigramme du Parti; une mère -Anne- jeune femme pacifiste qui croyait aveuglement à la politique pratiquée et un père -Wolf- a-sociable qui ne rêvait que de la chute de ce système politique et économique, l'auteur a de quoi être inspiré. Dans cette famille se retrouve un véritable condensé de la population est-allemande. En retraçant le parcours politique et idéologique de chacune de ces personnes, l'auteur nous amène à prendre connaissance de 60 ans de l'histoire allemande? Il réussi à faire de ce roman à la fois un témoignage inter-générationnel et une "contre histoire" de l'Allemagne de l'Est.

Voilà une saga familiale peu commune qui illustre à quel point le destin d'une famille peut être intimement et durablement lié à l'Histoire. L'auteur y raconte son enfance dans un pays divisé, la vie pleine de contradictions de ses parents et surtout le parcours antinomique de ses grands-pères. Le plus étonnant c'est que sa jeunesse ressemblait en nombreux points à celles des allemands de l'ouest. Plus qu'un roman, Histoire d'un allemand de l'est un est précieux témoignage sur la vie d'une nation, les espoirs d'un peuple et ses contradictions. Ce livre n'a pas vocation a être lu comme un document objectif et universel et c'est en cela qu'il est puissant et passionnant. Nous avons affaire à une histoire particulière qui nous parle d'un collectif. Maxim Leo nous livre un récit nuancé, émouvant, drôle et sans "ostalgie" aucune. Un livre que j'ai aimé lire et que je continue à défendre avec plaisir et conviction.

L'auteur :
Né à Berlin Est en 1970, Maxim Leo est un journaliste allemand qui a étudié en France ( à l'Institut Politique de Paris) et en Allemagne. En 2002, il a reçu le prix franco-allemand du journalisme; en 2006, Le Prix Théodor Wolf et en 2010 le Prix du roman européen.

Et plus si affinités :
Lire l'entrevue (ici) avec Maxim Leo paru dans la Gazette de Berlin.

lundi 24 février 2014

C'est lundi, que lisez-vous ? (34)


C'est lundi, que lisez-vous ?

Ce rendez-vous hebdomadaire a été inspiré par les It's Monday, what are yoou reading ? by One Person's Journey Through a Wolrld of Books et repris par Mallou puis Galleane. J'espère grâce à votre contribution pouvoir faire de cette page un rendez-vous convivial.

Comme chaque lundi je répondrai aux trois questions suivantes :
✒ Qu'ai-je lu la semaine précédente ?
✒ Que suis-je en train de lire ?
✒ Que vais-je lire ensuite ?

Bonjour !
Au programme de la semaine dernière : Les sept merveilles de Peter Lerangis (éds PKJ) et Mayonnaise d'Eric Plamondon (éds Phébus).
Ce que je pense lire cette semaine et celles à venir : L'affaire Eszter Solymosi (éds Albin Michel) de Gyula Krùdy et/ou Dieu me déteste, deux romans dont je parle régulièrement dans cette rubrique.
Bonne semaine à tous !

dimanche 23 février 2014

le nouvel abécédaire russe

Katia Metelizza, Le Nouvel abécédaire russe, éds Les Allusifs


Mon coup de coeur :
Une fois n'est pas coutume, c'est en peu de mots et avec d'autant de plaisir que je vais vous parler de ce roman pas évidant à trouver mais réjouissant à lire : Le nouvel abécédaire russe aux éds Les Allusifs -maison qui a hélas fermé. Je l'ai lu lors de sa parution en 2010 et j'ai profité de ce petit WE pour l'ouvrir de nouveau. J'y ai pris autant de plaisir à lire ce récit qu'il y a 3 ans, ce qui explique ce coup de coeur inactuel et pourtant immense.
En faisant défiler les 26 lettres de l'alphabet comme autant de pense-bêtes pour y consigner ses souvenirs et les anecdotes qui ont jalonnés sa vie, Katia Metelizza nous dévoile son quotidien mais aussi un pan de l'histoire sociale et culturelle russe qui nous ait méconnu. Les sujets abordés sont variés et nous semblent pour nous lecteurs occidentaux totalement incongrus car Metelizza parle aussi bien de nourriture que d'électroménagers, de tenues vestimentaires, fêtes de fin d’année, vacances à la datcha ou de la manière dont ses compatriotes consomment les produits venus de l'ouest depuis la chute du communisme. S'il y nostalgie et fétichisme, ils s'accommodent parfaitement avec la réflexion que l'auteur porte sur son évolution personnelle et sur celle de son pays.

En choisissant certains détails les plus prosaïques de la vie quotidienne comme titres de chapître ( "saucisson", "collant", "hareng salé", "eau chaude"...), l'auteur fait preuve au fil des pages d'humour, de sens de l'observation et même de gentille provocation.

J'aime ces récits qui l'air de rien nous en disent autant sur notre époque. 

A l'image de Roland Barthes, Katia Metelizza nous dévoile une nouvelle mythologie russe celle qui permet de lier l'ex-Urss à la Russie actuelle. Cet abécédaire est livre que l'on peut lire avec délectation d'une traite ou en piochant lettre après lettre, mot après mot. Sa couverture et la typographie totalement rétro lui confèrent un côté vintage assez irrésistible.


L'auteur :
Moscovite de naissance et chroniqueuse pour les éditions russes de Vogue et Marie-Claire, Katia Metelizza publie -avec ce Nouvel abécédaire russepour la première fois en France un autour des mythes culturels qui rythment la vie de ses compatriotes.

dimanche 16 février 2014

C'est lundi, que lisez-vous ? (33)


C'est lundi, que lisez-vous ?

Ce rendez-vous hebdomadaire a été inspiré par les It's Monday, what are yoou reading ? by One Person's Journey Through a Wolrld of Books et repris par Mallou puis Galleane. J'espère grâce à votre contribution pouvoir faire de cette page un rendez-vous convivial.

Comme chaque lundi je répondrai aux trois questions suivantes :
✒ Qu'ai-je lu la semaine précédente ?
✒ Que suis-je en train de lire ?
✒ Que vais-je lire ensuite ?

Bonjour !
La semaine passée a été un peu plus riche en lectures que les précédentes puisque j'ai lu Tous les chiens de ma vie d'Elizabeth von Arnim (éds Bartillat) et j'ai entamé Les sept merveilles de Peter Lerangis (éds PKJ) que je poursuivrai cette semaine.
J'envisage toujours de lire prochainement Mayonnaise d'Eric Plamondon (éds Phébus), L'affaire Eszter Solymosi (éds Albin Michel) de Gyula Krùdy mais aussi Dieu me déteste un roman ado à paraître chez La Belle Colère, un label cofondé par Stephen Carrière -des éds Anne Carrière- et Dominiques Bordes -des éds Monsieur Toussaint Louverture.
Et vous, quelles sont vos lectures récentes ou à venir ?