...Claudia et des amoureux de Paris
Grâce à l'initiative de Claudia, des amoureux de Paris (de sa topographie, de son architecture, de sa vie culturelle...) se sont retrouvés le vendredi 9 janvier dans une oenothèque franco-italienne de la rue des Pyrénées (le Ciao Gnari) pour converser sur la Capitale. Le temps d'une soirée, autour d'un verre et/ou d'une scène, des parisiens, des provinciaux et des italiens ont parlé librement de leur attachement sentimental à cette ville dans laquelle nous vivont et/ou travaillons mais que l'on oublie souvent de regarder. Romantique, éclectique, Paris sait inspirer mais aussi accueillir. Voici un bref aperçu de ce que fut cette soirée, avec en italique la présentation que Claudia a faite de ses invités avant que ceux-ci ne déclament leur vision voire même leur amour pour la ville lumière :
Stephan :
"C’est Thomas qui m’a présenté Stephan, puisqu’ils ont travaillé ensemble en tant que libraires. Lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois dans un café près de République, nous avons ressenti un étrange sentiment de familiarité, comme si on se connaissait déjà, comme si ce n’était pas la première fois qu’on se parlait. La raison était peut-être qu’il est très jovial, ou peut-être qu’il a vécu à Menton- qui est à peu près en Italie, ou qu’il parle italien et il a été marié à une Italienne. Ou peut-être parce qu’il a écrit beaucoup de lettres et il lit beaucoup, et, entre lecteurs, il se peut créer un terrain commun de souvenirs et d’expériences, qui est un peu comme avoir pensé la même chose. Un peu comme se rencontrer".
Stephan a lu un passage extrait du récit de Nicolas Sarafian Le Bois de Vincennes (éds Parenthèses). Cet écrivain arménien a vécu en France après une vie d'errance à travers l'Europe. Le Bois de Vincennes est un texte poignant dans lequel il exprime sa souffrance d'exilé mais aussi celle de son peuple. En voici quelques extraits : " Le Bois de Vincennes s'étend de la Marne au Don et même plus bas, couvrant aussi une grande partie de la mer Noire. Il atteint parfois le ciel. Il passe par-delà mes nostalgies et mes souvenirs. Il plane par-dessus d'une patrie utopique et inconnue. Et les matins des dimanches et des jours de fêtes, l'été, avec la consécration de la clarté de l'aurore, avec le frémissement couleur de sève de ses arbres transparents, je suis transporté dans la plus extrême exaltation.(...)Mais le bois me tourmente aussi (...). Et le bruissement des arbres comme un murmure de terreur. In naît une lumière comme une décharge électrique au sommet des arbres.(...) Le Bois de Vincennes est ensorceleur. L'espace est aboli. Au bords de la Marne, Varna. Le temps est susendu devant les corps nu, allongés là."
Thomas :
"Nous ne vivons pas loin, nous prenons parfois le métro ensemble et passons par Place d’Italie, qui est l’un des endroits préférés des SDF. On voit parfois l’un d’entre eux qui se brosse les dents, un autre qui coupe les cheveux à tous les autres avec son rasoir. Je lui demande la raison pour laquelle beaucoup de SDF se réunissent ici, comme je le fais souvent, parce que c’est bien de parler avec lui. Il me dit que, dans Paris, à Châtelet ou à Place d’Italie, il y a beaucoup d’endroits pour se cacher et rester au chaud. Thomas vient du sud de la France et il a vécu à Aix en Provence. Il m’a dit qu’il avait été un punk et qu’il se mettait des plumes de cormorans dans la tête. Il a commencé à le faire en Italie, où il est allé en auto stop. Et il ne m'étonne pas parce qu'il est un puits d’idées qui se propagent à l’infini. Avec lui, les idées se multiplient, prennent des formes inattendues. Il est ainsi l’interprète de mes prononciations inlassables, médiateur et "harmoniseur" des idées, des opinions, des pensées dans ma terre du milieu entre l’italien et le français. Une fois par mois il joue au théâtre à Montmartre avec sa compagnie de théâtre d’improvisation Les Improbables".
Au cours de cette soirée Thomas nous a d'ailleurs proposé une intervention originale faite d'improvisations. Il a su durant sa prestation décliner le thème central de la soirée tout en usant de son goût pour la dérision. Ce fut un très chouette moment impossible à retranscrire.
Si les Thomas et Stephan ont la particularité d'être originaire de la même région (PACA), les deux intervenantes qui suivent sont italiennes. L'une -Francesca- est parisienne depuis 3 ans tandis que l'autre -Claudia- l'est depuis 1an et demi. Elles ont toute les deux déclamé leur attachement à Paris en italien. Grâce à Claudia j'ai pu obtenir la version française de leur texte écrite par leurs soins respectifs et pris le partis de laisser les tournures de phares telles quelles dans la mesure où non seulement cela ne gênait pas la compréhension mais en plus permettait de rester fidèle à leur auteur tout en donnant une épaisseur particulière à leur texte.
Le Paris de Francesca :
Francesca est une amie italienne de Claudia. Elle vit à Paris depuis maintenant 3 ans et nous livre avec humour et sincérité son regard sur cette ville d'adoption :
"J’ai commencé à écrire cet article dans l’un des plus venteux jours de derniers temps. La Grande-Bretagne est frappée par une énorme tempête avec des vagues de 14 mètres. Le vent arrive à Paris et ne perd pas sa force. La ville semble presque prendre son envol. Le quartier où j’habite est situé entre Belleville et Ménilmontant.
On dit que le nom Ménilmontant vient de “Mesnil Mautemps”, la maison du mauvais temps, qui a ensuite été transformé en “Mesnil Montant” à cause de ses montées. Charles Trenet lui a dédié une chanson très douce.
Le nom Belleville est probablement liée à la vue magnifique de Paris dont vous pouvez profiter d’ici. Pendant des siècles, toute la région fut une sorte de village d’ouvriers et viticulteurs. Edith Piaf est née ici.
Le caractère populaire du vieux Paris avec ses artisans et ses ateliers se percevoit toujours profondément. Comme quand j’étais petite à Bergame, je suis retourné à vivre dans les collines, et j’adore vivre ici parce que je suis au sommet et je peux voir tout Paris du haut, puis le vent n’est pas entravé ni par les immeubles ni par les arbres.
La mienne est celle d'une vieille maison des années 30, ses châssis n'ont jamais été modifiés, donc les fenêtres ne sont pas à double vitrage et les finitions en bois ne sont pas parfaites. Parfois, quand je prends un bain, je reste en silence pour entendre les soupirs du vent à travers les fenêtres et il me semble d'être sur un vieux bateau au milieu de la mer, et je me laisse emporter par de grandes vagues puissantes.
C'est une maison qui parle, dans une ville où la nature est reléguée à quelques grands parcs, je suis heureuse de l'entendre parler. Quand j'ai déménagé ici, j'ai eu un peu peur : dans les vieilles maisons il faut toujours éviter les esprits qui peuvent l'habiter.
Si les Thomas et Stephan ont la particularité d'être originaire de la même région (PACA), les deux intervenantes qui suivent sont italiennes. L'une -Francesca- est parisienne depuis 3 ans tandis que l'autre -Claudia- l'est depuis 1an et demi. Elles ont toute les deux déclamé leur attachement à Paris en italien. Grâce à Claudia j'ai pu obtenir la version française de leur texte écrite par leurs soins respectifs et pris le partis de laisser les tournures de phares telles quelles dans la mesure où non seulement cela ne gênait pas la compréhension mais en plus permettait de rester fidèle à leur auteur tout en donnant une épaisseur particulière à leur texte.
Le Paris de Francesca :
Francesca est une amie italienne de Claudia. Elle vit à Paris depuis maintenant 3 ans et nous livre avec humour et sincérité son regard sur cette ville d'adoption :
"J’ai commencé à écrire cet article dans l’un des plus venteux jours de derniers temps. La Grande-Bretagne est frappée par une énorme tempête avec des vagues de 14 mètres. Le vent arrive à Paris et ne perd pas sa force. La ville semble presque prendre son envol. Le quartier où j’habite est situé entre Belleville et Ménilmontant.
On dit que le nom Ménilmontant vient de “Mesnil Mautemps”, la maison du mauvais temps, qui a ensuite été transformé en “Mesnil Montant” à cause de ses montées. Charles Trenet lui a dédié une chanson très douce.
Le nom Belleville est probablement liée à la vue magnifique de Paris dont vous pouvez profiter d’ici. Pendant des siècles, toute la région fut une sorte de village d’ouvriers et viticulteurs. Edith Piaf est née ici.
Le caractère populaire du vieux Paris avec ses artisans et ses ateliers se percevoit toujours profondément. Comme quand j’étais petite à Bergame, je suis retourné à vivre dans les collines, et j’adore vivre ici parce que je suis au sommet et je peux voir tout Paris du haut, puis le vent n’est pas entravé ni par les immeubles ni par les arbres.
Belleville
C'est vrai, j'aime le vent, j'aime mettre ma tête dans la cheminée et écouter le vent qui descend, il ne m'était jamais arrivé de l'entendre parler si fort. La chose étonnante est que le vent ne souffle pas seulement à travers la cheminée mais aussi à travers toutes les fenêtre. La mienne est celle d'une vieille maison des années 30, ses châssis n'ont jamais été modifiés, donc les fenêtres ne sont pas à double vitrage et les finitions en bois ne sont pas parfaites. Parfois, quand je prends un bain, je reste en silence pour entendre les soupirs du vent à travers les fenêtres et il me semble d'être sur un vieux bateau au milieu de la mer, et je me laisse emporter par de grandes vagues puissantes.
C'est une maison qui parle, dans une ville où la nature est reléguée à quelques grands parcs, je suis heureuse de l'entendre parler. Quand j'ai déménagé ici, j'ai eu un peu peur : dans les vieilles maisons il faut toujours éviter les esprits qui peuvent l'habiter.
Le case del quartier/ les immeubles de Paris XXème
Mais nous avons eu e la chance, l'ambiance est agréable, vivante et positive, et la maison nous a aimé tout de suite. Vivre au numéro 365, il me semble un hasard sympa, peut-être avec un sens kabbalistique, ou peut-être un signe que nous allons vivre dans cette maison pour un an seulement. En tout cas, il m’a donné un sentiment de quelque chose d’unique et précis, et je l’ai aimé.
Je sais que mon quartier était autrefois très populaire et très pauvre. Ci-dessous nous, il y a de grandes réserves d’eau potable. Même aujourd’hui, l’eau qui va abreuver les robinets de Paris passe par ici. J’aime marcher dans les rues piétonnes qui grimpent la colline, regarder les maisons et les jardins secrets, me projeter dans son passé.
Il est vrai qu'en général, les Parisiens ont tendance à se déplacer pour le travail ou pour des événements particuliers, mais le plupart du temps ils restent dans leur quartier. Chaque quartier a sa propre mairie, on finit par connaître les marchands, son marché et sa communauté.
Cette année, je l'ai démarré un peu différemment. Dès que je peux, je mets mes écouteurs et une bonne paire des chaussures et je vais marcher sans but précis.
Je peux marcher quatre heures d'affilées, je cherche des lieux, je regarde les gens, je me faufile dans les rues, je prends des photos. C'est un grand plaisir parce que Paris réserve des surprises incroyables. Je cherche à m'isoler un peu pour ne pas être submergée par la frénésie. Je souhaite, un jour, de pouvoir recueillir cette errance dans un livre de photographies et de dessins... ça pourrait être un bon projet.
J'ai décidé de suivre plusieurs cours, mais surtout de me spécialiser dans la couture et la teinture naturelle des tissus. Je suis un cours de création de vêtements dans le sud de Paris, juste à côté de chez Claudia, par pure coïncidence.
C'est très drôle parce que mon groupe est composé de femmes et de filles de tous âges et origines. Ma professeur, Mme Lydie, une antillaise corpulente, est très grave et sévère. Parfois, elle me fait rire parce qu'elle confond ses photocopies de modèles de jupes avec celles de ses modèles de chemisiers.
J'ai toujours aimé suivre des cours dans les cercles de femmes, faire partie d'un "gynécée" où on peut bavarder et échanger des opinions. Peut-être qu'en Italie l'ambiance aurait été plus chaleureuse et affectueuse, mais j'espère qu'au printemps le coeur de mes compagnes se réchauffera davantage.
Ménilmontant
Pour moi Paris c'est comme ça : une ville aux grandes contradictions qui parfois me font peur et me raidissent et parfois me fascinent. Le grand luxe et la pauvreté extrême; le patriotisme et les générations survenues des ex-colonies d'Afrique du nord, des Antilles et d l'Indochine; l'éducation parfaite et l'agressivité qu'on peut rencontrer tous les jours, les masses de gens dans le métro et les petits cafés vides où on peut s'asseoir pour lire.Il est vrai qu'en général, les Parisiens ont tendance à se déplacer pour le travail ou pour des événements particuliers, mais le plupart du temps ils restent dans leur quartier. Chaque quartier a sa propre mairie, on finit par connaître les marchands, son marché et sa communauté.
Cette année, je l'ai démarré un peu différemment. Dès que je peux, je mets mes écouteurs et une bonne paire des chaussures et je vais marcher sans but précis.
Je peux marcher quatre heures d'affilées, je cherche des lieux, je regarde les gens, je me faufile dans les rues, je prends des photos. C'est un grand plaisir parce que Paris réserve des surprises incroyables. Je cherche à m'isoler un peu pour ne pas être submergée par la frénésie. Je souhaite, un jour, de pouvoir recueillir cette errance dans un livre de photographies et de dessins... ça pourrait être un bon projet.
J'ai décidé de suivre plusieurs cours, mais surtout de me spécialiser dans la couture et la teinture naturelle des tissus. Je suis un cours de création de vêtements dans le sud de Paris, juste à côté de chez Claudia, par pure coïncidence.
C'est très drôle parce que mon groupe est composé de femmes et de filles de tous âges et origines. Ma professeur, Mme Lydie, une antillaise corpulente, est très grave et sévère. Parfois, elle me fait rire parce qu'elle confond ses photocopies de modèles de jupes avec celles de ses modèles de chemisiers.
J'ai toujours aimé suivre des cours dans les cercles de femmes, faire partie d'un "gynécée" où on peut bavarder et échanger des opinions. Peut-être qu'en Italie l'ambiance aurait été plus chaleureuse et affectueuse, mais j'espère qu'au printemps le coeur de mes compagnes se réchauffera davantage.
I cartamodlli/ les modèles
Je sais que je suis en transition dans cette ville, que je vais mettre que des petites racines, mais j'essaie de vivre ce moment de la façon la plus intense possible : en suivant les chemins les plus originels, en vivant Paris à ma façon, en silence, en prenant des photos et en les partageant de temps en temps. En m'émouvant des détails et des histoires, sans crainte de ne pas être à la hauteur de cette grande ville".
"Una sera d'inverno a casa/ Une soirée d'hiver à la maison"
Le Paris de Claudia : J'ai rencontré Claudia en octobre 2014 lors d'une soirée d'improvisation organisée par la troupe de Thomas. Ce soir j'avais retrouvé ce dernier et Stephan qui m'avaient présenté cette jeune femme au doux accent italien. La seconde fois que je l'ai vu ce fut pour l'anniversaire de ce même Stephan et nous nous étions retrouvées attabler côte à cote. C'est alors qu'elle m'a parlé de cette soirée franco-italienne sur Paris. J'ai d'emblée accepté pour l'idée -que j'ai trouvée franchement chouette- et pour Claudia -qui est si spontanée et sympathique. A l'origine je devais écrire et lire un texte sur le Paris des auteurs hongrois. Le problème est que je me suis trop mal organisée pour être prête à temps. C'est pourquoi je me suis proposée de recueillir les différents interventions et de les relayer sur mon blog. Vous allez maintenant découvrir l'univers et la plume poétique et sensible de Claudia en italien puis en français.
En VO :
Sono le dieci di sera. La luna piena è cosi vicina ai palazzi. Ci danza in mezzo, come un lago tra gli alberi. Danza tra le finsetre illuminate di giallo, di viola, blu, rosso, verde. Decido di partire. Lascio tutto. Ho già preparato due valigie piene di foglie e rami.
In cucina c'è la lampada che proietta farfalle nelle stanze e che brilla ogni sera.
In stanza da letta c'è una pianta sudamericana senza radici che non ha bisogno di niente.
Le lascio qui.
Fuori dalla mia finestra, migliaia di finestre colorate a distanza diverse con le vite di altri migliaia di passeggeri com me.
Al 4° piano il ragazzo assorto continua a comporre i suoi pezzi di musica elettronica. Sono sicura che è per la colonna sonora di un film.
Al 5° piano la ragazze ridono. Non ho mai capito se siano due o tre.
Al 6°piano qualcuno ascolta i canti domenicali del rabbino. E sembra sereno.
Al palazzo di fronte, l'appartamento è pieno di palloncini. Cantano canzoni di compleanno in messicano.
Vicino al letto ci sono i miei libri in italiano. Le copertine luccicano alla luce della sera.
Li lascio qui.
Apro la porta e metto giù un piede dopo l'altro, lentamente, come se la forza di gravità mi trattenesse. Lascio impronte di cenere e sprofondo su strti di pagine di Rilke, Miller, Baudelaire, Aragon, Picasso, Chagall, Monet, Toulouse-Lautrec, Rimbaud, Sartre, Simone de Beauvoir, Serge Gainsbourg, Léo Ferré, e sulle pellicole di Truffaut, Godard, Christophe Honoré. Non è facile per i passegeeri come me lasciare la città lunare. Protetta da strati di pagine e pellicole.
"La libertà l'ho cercata dappertutto, ma come facevo o sapere che era cosi vicino a me?" aveva scritto qualcuno. L'avevo intravista anch'io qualche volta, tra i raggi lunari. Tra le interferenze delle onde trasmesse dagli altri passeggeri.
Dei varchi di luce nel cielo dove la materia si fonde.
Delle grida d'amore che lanciano gli amanti soli.
Le lascio qui, anch'esse.
Non ci stanno in valiglia e non si possono trasportare.
Ma ho rivestito gli interni e l'esterno della valiglia, di Parigi.
Voglio dire, di volti e poesie e quadri e foto e film passati di qui. Mi sono dette che la città lunare avrebbe lasciato andare qualcosa fatto della sua stessa essenza. Come per superare l'ésseza di forza di gravità.
Cosi nemmeno la Luna mi puo trattenere a sé.
In cucina c'è la lampada che proietta farfalle nelle stanze e che brilla ogni sera.
In stanza da letta c'è una pianta sudamericana senza radici che non ha bisogno di niente.
Le lascio qui.
Fuori dalla mia finestra, migliaia di finestre colorate a distanza diverse con le vite di altri migliaia di passeggeri com me.
Al 4° piano il ragazzo assorto continua a comporre i suoi pezzi di musica elettronica. Sono sicura che è per la colonna sonora di un film.
Al 5° piano la ragazze ridono. Non ho mai capito se siano due o tre.
Al 6°piano qualcuno ascolta i canti domenicali del rabbino. E sembra sereno.
Al palazzo di fronte, l'appartamento è pieno di palloncini. Cantano canzoni di compleanno in messicano.
Vicino al letto ci sono i miei libri in italiano. Le copertine luccicano alla luce della sera.
Li lascio qui.
Apro la porta e metto giù un piede dopo l'altro, lentamente, come se la forza di gravità mi trattenesse. Lascio impronte di cenere e sprofondo su strti di pagine di Rilke, Miller, Baudelaire, Aragon, Picasso, Chagall, Monet, Toulouse-Lautrec, Rimbaud, Sartre, Simone de Beauvoir, Serge Gainsbourg, Léo Ferré, e sulle pellicole di Truffaut, Godard, Christophe Honoré. Non è facile per i passegeeri come me lasciare la città lunare. Protetta da strati di pagine e pellicole.
"La libertà l'ho cercata dappertutto, ma come facevo o sapere che era cosi vicino a me?" aveva scritto qualcuno. L'avevo intravista anch'io qualche volta, tra i raggi lunari. Tra le interferenze delle onde trasmesse dagli altri passeggeri.
Dei varchi di luce nel cielo dove la materia si fonde.
Delle grida d'amore che lanciano gli amanti soli.
Le lascio qui, anch'esse.
Non ci stanno in valiglia e non si possono trasportare.
Ma ho rivestito gli interni e l'esterno della valiglia, di Parigi.
Voglio dire, di volti e poesie e quadri e foto e film passati di qui. Mi sono dette che la città lunare avrebbe lasciato andare qualcosa fatto della sua stessa essenza. Come per superare l'ésseza di forza di gravità.
Cosi nemmeno la Luna mi puo trattenere a sé.
En français:
Il est dix heure du soir. La pleine lune frise les bâtiments. Elle y danse en leur milieu, comme un lac entre les arbres. Elle Danse entre les fenêtres éclairées de jaune, de violet, de bleu, de rouge, de vert. Je décide de partir. Je quitte tout. Je vais remplir ma valise de feuilles et de branches.
Dans la cuisine il y e la lampe qui projette les papillons et qui brille chaque nuit.
Dans ma chambre il y a une plante sud-américaine sans racine qui n'a besoin de rien.
Je les laisse ici.
Au-delà de ma fenêtre, des milliers de fenêtres colorées avec la vie de milliers d'autres passagers comme moi à l'intérieur.
Au 4ème étage le garçon absorbé (par ce qu'il fait) continue de composer ses morceaux de musique électronique. Je suis sûre que c'est par la bande sonore d'un film.
Au 5ème étage les filles rient. Je n'ai jamais compris si elles sont deux ou trois.
Au 6ème étage quelqu'un écoute les chanson du dimanche d'un rabbin. Il semble serein
Dans le bâtiment d'en face, l'appartement est plein de ballons. Les occupants chantent des chansons d'anniversaire en mexicain.
Près de mon lit, il y a mes livres en italien. Les couvertures scintillent dans la lumière du soir. Je les laisse ici.
J'ouvre la porte et je pose un pied l'un après l'autre, lentement, comme si la gravité me retenait. Je laisse des empreintes en cendres et je m'enfonce sur les couches de pages de Rilke, Rilke, Miller, Baudelaire, Aragon, Picasso, Chagall, Monet, Toulouse-Lautrec, Rimbaud, Sartre, Simone de Beauvoir, Serge Gainsbourg, Léo Ferré, et les films de Truffaut, Godard, Christophe Honoré. Il n'est pas facile pour les passagers comme moi de quitter la ville lunaire. Protégée comme je le suis par des couches de pages et de pellicules.
"La liberté, je l'ai cherchée partout, mais comment pouvais-je savoir qu'elle était si près de moi ?" Quelqu'un avait écrit (ces mots) . Je l'avais aperçue parfois moi aussi, la liberté, peut-être, entre les rayons de lune. Parmi les interférences des ondes émises par les autres passagers.
Des passages de lumière dans le ciel où la matière fusionne.
Des cris d'amour que lancent les amants solitaires. Je dois les laisser ici, également.
Il n'y a pas de place dans ma valise et ce ne sont pas des matériaux que l'on peut transporter.
Mais j'ai recouvert l'intérieur et l'extérieur de la valise de Paris.
Je veux dire, des visage, des poèmes, des peintures et des photos qui ont jaillis d'ici. Mon seul bouclier contre Paris c'est Paris. La seule façon de surmonter l'absence de surmonter la force gravitationnelle est le poids léger des souvenirs.
Ainsi, même la lune ne pourra me retenir.
Merci infiniment à toi, Marlène, pour cette retranscription fidèle et passionnante de cette soirée inoubliable du 9 janvier 2015 à bien des égards.. la littérature partagée comme un contrepoint à violence
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