Arnaud Friedmann, Le tennis est un sport romantique, éds JC Lattès
Mon coup de coeur :
Ce roman dont le premier titre envisagé était Le fils de John McEnroe raconte l'enfance puis l'adolescence tourmentée de Julien un enfant chétif, vivant seul avec Hélène une mère dépressive, boulimique, en pleine déchéance financière, psychique et sociale.
Alors qu'il regarde la finale de Roland Garros de 1984 -opposant le génial joueur américain John McEnroe au monolithe tchèque Yvan Lendl- Julien affiche ouvertement sa préférence pour le second au grand désespoir de sa mère qui -alors que la finale échappe à l'américain- finit par lui balancer de rage qu'il né de l'aventure qu'elle a eu avec le premier. Julien a alors 5 ans et sa vie ainsi que celle de sa mère vont définitivement changer. S'ils construisent leur existence autour de la figure fantasmée et romanesque de John Mc Enroe, cet épisode inaugure pour Hélène une longue période de dépression, alors qu'il est pour son fils le début d'un cheminement initiatique. Il a désormais un destin à accomplir : suivre les pas de son illustre père même s'il est droitier, même si son tennis est laborieux, même s'il n'a pas le tempérament de son illustre père. Cette paternité aussi grandiose que lourde l'entraîne alors dans une vie fait de tennis, de magasines de sport, de dissimulations, de rêves de gloire et de désillusions. Le problème est qu'évidemment le champion américain ignore tout de l'existence de ce fils caché ; d'ailleurs se souvient-il de sa nuit d'amour avec une jeune fille au pair française à la fin des années 1970 ?
Pour donner corps à ce drame familial fantasmé, l'auteur deploie les chapitres comme autant de matches cruciaux dans l'histoire du tennis.
J'ai revisité avec plaisir quelques épisodes majeurs de l'histoire du tennis (surtout ceux des années 90) avec des joueurs comme Wilander, Edberg, Becker, Courier, Agassi, Sampras ou Kuerten dont j'ai aussi suivi les exploits et les contre-performances (en direct ou en rediffusion)... Mais si le tennis tient un place importante dans l'intrigue, cet élément moteur ne nuit en rien aux autres sujets du récit, à savoir : la filiation, la recherche d'identité (pour Julien), la résilience (pour Hélène) et une vision certes subjective d'une certaine vie provinciale (l'intrigue se déroule en grande partie à Besançon) qui vit notamment au rythme des élections locales et nationales. Au contraire, l'utilisation de ce sport dans la trame du récit lui apporte son originalité et son intérêt.
L'écriture d'Arnaud Friedmann est simple mais l'intrigue est bien rythmée. L'idée de faire de McEnroe la figure tutélaire de ce roman est à la fois géniale et évidente tant ce joueur est à part dans l'histoire de tennis. Et malgré quelques passages superflus (dont celui de l'anniversaire des 18 ans de Julien que je n'ai pas aimé), j'ai trouvé ce roman fort sympa à lire d'autant plus que j'ai aimé replonger dans ces matches dont il ne me restait plus qu'un vague souvenir. Pour autant, Le tennis est un sport romantique peut être lu et apprécié même par des non amateurs de tennis. Je remercie donc les éds JC Lattès de m'avoir fait parvenir ce roman.
Et plus si affinités:
Visionner un extrait de la finale de Roland Garros de 1984 et prendre parti pour McEnroe ou pour Lendl ici (document de l'INA).
L'auteur :
Né en 1973 à Besançon, Arnaud Friedmann a suivi des études d'Histoire et de Lettres. Le tennis est un sport romantique est son troisième roman, le premier publié par les éds JC Lattès.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire