Mon coup de coeur :
Etats-unis, fin des années 70 dans un patelin où les filles épousent leur premier petit ami et élèvent une ribambelle de gosses, quatre jeunes adolescentes âgées de 16 à 18 ans squattent les marches du lavomatique afin d'échanger sur leur condition de mère-fille. Trois d'entre elles sont déjà mamans, la quatrième pense être enceinte.
Sandy 18 ans est mariée à Marc jeune homme immature peu impliqué par l'éducation de Marc Junior et par son rôle de chef de famille. Contrairement à sa femme qui ne vit que pour son enfant rêvant jour et nuit à son un nid douillet et voulant renvoyer coûte que coûte l'image de la jeune famille américaine parfaite.
Tara -issue d'une famille désunie qui aurait aimer qu'elle avorte- élève avec beaucoup d'amour et de patience Sunshine qu'elle allaite (contre l'avis de ses proches) et qu'elle espère élever ailleurs et pourquoi pas dans une communauté hippy où tout le monde semble s'aimer et se respecter. Avec sa blondeur et sa peau laiteuse elle ressemblent à une Madone à l'enfant.
Wanda est une jeune fille dévergondée, irréfléchie et esseulée qui a du mal à s'occuper de sa petite Melissa qu'elle secoue un peu trop fort et un peu trop souvent.
Et Jill -éduquée par une mère vieux jeu (démonstratrice chez Avon) et un père rêveur (pour qui tous les prétextes sont bons pour fuir sa femme)- terrifiée par sa grossesse et qui n'ose pas avouer sa maternité à ses parents par peur de leur réaction.
Loin d'être insouciantes et de s'amuser comme le font les jeunes de leur âge, ces quatre filles vivent une vie dont elle ne rêvaient pas et qu'elles n'assument pas totalement. Chacune d'elles tente de s'accommoder avec le peu qu'elles ont et s'imagine pouvoir s'en sortir à force de volonté et de sacrifices.
Joyce Maynard use de sensibilité et d'habileté pour nous faire partager leur quotidien, leurs rêves et leurs angoisses. Baby love est un récit qui prend le temps de placer tous le éléments de l'intrigue afin de mieux précipiter ses personnages vers des tourments et des dangers à venir. En effet leur vie va prendre une autre tournure avec l'arrivée presque simultanée d'un jeune couple venu de New York (Greg et Carla), d'Ann une jeune femme devenue dépressive après une douloureuse séparation, de Mrs Ramsay vielle dame acariâtre en mal d'enfant et enfin d'un psychopathe échappé de l'asile après avoir séquestré et tué (je vous laisse découvrir de quelle manière...) la femme qu'il "aimait". Tous ces personnages vont au cours du récit se croiser et leurs histoires s'entremêler. Dès lors la narration s'accélère jusqu'au dénouement, véritable apothéose.
De la gentille chronique sociale on passe à un récit sombre et haletant au final parfaitement orchestré. A la fois émouvant, drôle et féroce, ce roman dépeint une Amérique profonde inculte, inconséquente, intolérante et même dangereuse vivant d'expédients, de programmes télé et de rêves médiocres. Après des premières pages pas assez rythmées à mon goût, j'ai finalement aimé assister à l'évolution des personnages et au changement de ton et de tempo du récit. Au final, Baby Love est un roman vraiment plaisant à lire bien qu'il fasse parfois froid dans le dos. Certaines situations et images demeurent longtemps en mémoire bien après en avoir terminé la lecture.
L'auteur :
Joyce Maynard est une figure singulière dans l'histoire de la littérature américaine contemporaine car elle est surtout connue pour avoir été -à l'âge de 18 ans- la maîtresse de Salinger et surtout d'avoir écrit sur cette relation dans Et devant moi, le monde. Baby Love paraît en 1981 et est son premier roman. Auparavant elle avait écrit un témoignage sur la jeunesse américaine des années 70 Une adolescence américaine et qui lui a valu une petite notoriété. Suivent alors Prête à tout, Un long week-end (dont l'adaptation cinéma avec Kate Winsley est prévue pour l'automne 2013) et Filles de l'ouragan. Tous ces textes sont édités ou réédités par les éditions Philippe Rey.
Et plus si affinités :
Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer la bande annonce de Prête à tout (To Die For), ce film de Gus Van Sant avec Nicole Kidman, Matt Dillon et Joaquin Phoenix et produit par la Columbia Pictures (1995).
(source Youtube mise en ligne par gabtor70)
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